La définition d’une paysagiste
Difficile de donner une définition pour « Jardin thérapeutique »… En effet, il en existe une très grande variété. Autant de jardins que d’établissements, d’équipes soignantes, de résidents auxquels ils s’adressent…
Cependant, que l’on soit au Nord ou au Sud de la France, dans une maison de retraite ou dans un centre accueillant des enfants handicapés, dans le parc d’un château ou sur une petite terrasse en ville, les points listés ci-dessous doivent être au cœur de l’attention pour aménager un jardin de soins de qualité.
Car la jardinière surélevée ou le parcours de rééducation ne fait pas le jardin. Il peuvent participer à son animation et son appropriation par les résidents, les kinés qui y guident leur patients… mais pour dessiner un jardin qui donnera envie de sortir en toute saison et qui sera vivant au quotidien, il faudra veiller aux points ci-dessous :
Un jardin thérapeutique c’est…
Définition #1 – C’est avant tout un jardin !
Pour être utile, ce jardin doit avant tout être utilisé. Et donner envie de sortir pour y marcher, ou s’y reposer. Il faudra donc dessiner un espace agréable de promenade et de pause, avec des zones d’ombre et de lumière.
C’est un très beau jardin fleuri, parfumé, vivant, où l’on se sent bien, un lieu de respiration rythmé par le passage des saisons, où les plantes sont bercées au souffle du vent…
Un lieu ressourçant, où il fait bon laisser les éléments naturels apaiser nos êtres agressés par trop de bruits, de béton, d’agitation, et bien souvent en manque de soleil.
Définition #2 – Un lieu pour accompagner l’équipe médicale
De nombreux éléments peuvent être intégrés au jardin, afin de favoriser la pratique de thérapies non médicamenteuses :
- Parcours sensoriels, de psychomotricité,
- boucles de promenade, espaces de déambulation sécurisée,
- stimulation multi-sensorielle (son de l’eau, chant des oiseaux, parfum des fleurs, plantes à toucher, petits fruits à goûter),
- potagers et jardinières aménagés pour la pratique de l’hortithérapie,
- culture de tisanes et plantes médicinales,
- esplanade extérieure, théâtre de verdure,
- aires de jeux d’enfants, ou pour les adultes…
Pour en savoir pour sur la thématique des jardins qui soignent, C’EST ICI.
Définition #3 – Un lieu sécurisant
Les patients s’y rendent à leur guise et se promènent librement, en toute sécurité.
C’est un défi pour le paysagiste : dessiner un lieu sûr, souvent clos, où nulle part le promeneur ne se sente enfermé.
Le plan du jardin sera simple et facilement compréhensible. Nous utilisons pour cela une signalétique intuitive, inscrivant la cohérence dans le tracé même du plan d’ensemble (allées principales plus larges et reliant les lieux principaux de l’établissement…) Des points de repères baliseront le jardin : végétaux remarquables ou surprenants, mobilier, événements (fontaine ou petit bassin par exemple).
La sécurité c’est aussi l’absence de plantes toxiques, fortement allergisantes ou piquantes. Là encore, le paysagiste devra s’investir pour dénicher un rosier non piquant, qui parfumera un coin de jardin ensoleillé !
Définition #4 – Un jardin conçu pour solliciter tous les sens
Sensoriels, il font appel aux plus beaux souvenirs enfouis dans la mémoire de chacun, mais aussi à l’avenir, aux rêves, aux souhaits de vie que l’on veut y trouver.
…C’est une belle façon d’envisager l’avenir !
Pour approfondir la thématique des jardins sensoriels, C’EST ICI.
Des jardins à toucher, à planter, à vivre : animation d’un atelier jardin par le Jardin des hêtres, en mai 2016.
Définition #5 – C’est un “ailleurs”
un lieu de liberté qui n’évoque en rien le milieu médical.
En effet, le jardin constitue un lien avec l’extérieur (le village, le quartier…), une vitrine qui met en valeur la qualité de vie dans l’établissement. Il est aussi l’occasion d’être fier de son lieu de vie : quoi de plus propice à l’oubli de la maladie, que de retrouver sa famille en visite dans un beau jardin ?
En sortant de l’univers hospitalier ou de l’établissement médicalisé, le patient retrouve le contrôle, il effectue des choix. (je m’installe sous le cerisier ou près de la fontaine, je décide, ou non, d’aller regarder les personnes qui jardinent…) Il retrouve ainsi sa personnalité, recontacte son être.
Concrètement, comment réaliser cet ailleurs ?
- Tout d’abord, en étant attentif a choisir du mobilier qui évoque le vocabulaire du jardin, et non celui du monde médical.
Bien sur, ce mobilier sera adapté aux résidents (bancs adaptés à des personnes âgées en Ehpad, table et chaises de petite taille dans un service qui s’adresse à des petits enfants de moins de 6 ans… Mais ce mobilier devra ressembler à celui qui est mis en place dans un parc urbain, ou un jardin.
2. Puis veiller à intégrer les agrès de rééducation au jardin. Si un sol amortissant est nécessaire, sa couleur verte va l’assimiler à du gazon. De plus, les agrès seront positionnés en périphérie du jardin, et non au centre.
Premièrement cela permet de respecter l’intimité des résidents qui y réalisent une séance de rééducation. Deuxièmement, cela permet de ne pas trop attirer le regard dessus.
3. Enfin, réaliser avec une grande attention le plan de plantation : arbres, cépées, arbustes, plantes vivaces, annuelles… L’association de grande diversité végétale permet de crééer une ambiance de jardin propice à l’évasion !
Photos Illustrant ce paragraphe : Le jardin du Réseau OMERIS – EHPAD résidence du Cercle à Sathonay-Camp, aménagé avec le Jardin des Hêtres.
Définition #6 – Des jardins porteurs d’activités au quotidien
Voici une liste des différentes catégories d’activités que l’on peut planifier, dans un jardin :
Utilisation « en autonomie »
- Promenade dans le jardin (allée confortable et sure)
- Pause sur un banc (massifs sensoriels, petite fontaine, pergola, ombre d’un arbre…)
- Animations autonomes (vue sur la rue, sur une école, jeux d’enfants pour les enfants ou petits enfants des résidents en visite
- Balancelle, hamac, transat… autant d’assises qui permettent de passer du bon temps, seul, au jardin
- Pédalier, paniers de basket PMR, jeux d’extérieurs (palets, table d’échec)… pour des activités sportives ou culturelles adaptées.
Utilisation accompagnée, en atelier
- Animations d’hortithérapie (jardinage thérapeutique)
- Tables et chaises en extérieur, pour l’animation d’ateliers (chant, art thérapie, danse, concert…)
- Mise en place de parcours sportifs, pour des ateliers de motricité / kiné en extérieur…
Utilisation pour des activités qui ont habituellement lieu à l’intérieur de l’établissement
- Entretien infirmier, ou avec la famille
- Lieu de pause, de ressourcement pour le personnel
- Déjeuner, goûter, dîner
- De nombreuses animations peuvent être réalisées au grand air, si le jardin est confortable et adapté !
Illustration en photos, dans des jardins conçus par le Jardin des Hêtres
Source : Réseau OMERIS : Résidence le 6ème à Lyon, et EHPAD résidence du Cercle à Sathonay-Camp.
#7 – Une autre définition intéressante
Celle de Jérôme Pellissier, auteur du livre de référence « Jardin Thérapeutiques et Hortithérapie ». Et du site internet Jardin-therapeutique.net. Il axe sa réponse sur ces 3 points : Bénéfices / Accessibilité / Spécifiquement pensés pour…
Spécifiquement pensés pour…
Les jardins thérapeutiques : outre les caractéristiques des deux premiers (sources de plaisirs, de bien-être, et accessibles et adaptés), ils sont conçus et conduits pour poursuivre des objectifs spécifiques en termes de prévention, d’amélioration ou de maintien de la santé [ou de certains de ses déterminants (bien-être, capacités physiques, sociales, psychiques, qualité de vie…)] de ses usagers.
Ils sont donc aussi réalisés pour pouvoir servir (de lieu, de support, de médium, de motivation, etc.) à des professionnels afin d’y mener des activités thérapeutiques – ayant des liens plus ou moins forts avec la nature (écothérapies), le jardinage (hortithérapies), l’extérieur (autres activités thérapeutiques).